Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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matin ; on entendoit battre la générale , le bruit des armes , le mouvement des chevaux , le transport des canons qu'on plaçoit et déplaçoit sans cesse : tout r e tentissoit dans la tour. » A neuf heures le bruit augmente, les portes s'ouvrent avec fracas ; Santerre, accompagné de sept à huit municipaux , entre à la tête de dix gendarmes , et les range sur deux lignes. A ce mouvement, le Roi sortit de son cabinet: « Vous venez me chercher , dit-il à

» devoir, je ferai le mien : ce n'est qu'après m'avoir percé que » le poignard pourra atteindre Sa Majesté. » Et le digne ecclésiastique, glorieux de sauver la vie de son Roi aux dépens de la sienne, eût tenu parole : l'espérance le suivit jusque sur l'échafaud ; la consternation, les larmes qu'il remarquoit ne pouvoient que la fortifier , et cependant elle fut trompée: douze cents fédérés, le rebut de la Fiance ou plutôt de l'Europe, apostés autour de l'échafaud, soutenus par le commandant de la garde, décidés à tous les forfaits , tinrent dans la stupeur deux cent mille spectateurs indignés. Affreuse puissance du crime que le frein des lois ne contient plus ! . . . . Un roulement ordonnée l'instant où le Roi se disposent à parl e r , étouffa sa voix, et permit à peine d'entendre ces dernières paroles : Je meurs innocent, et je pardonne A mes ennemis Allez, fils de Saint Louis, montez au Ciel, s'écria M. de Firmont que ses forces abandonnèrent au moment où tomba le glaive fatal. Ce respectable ecclésiastique auroit, peu de temps après, subi le même s o i t , s'il ne se fût pas dérobé aux recherches des ennemis de toutes les vertus. Resté caché jusqu'à la chute de Robespierre, il se détermina, en 1 7 9 6 , à passer en Angleterre, où il reçut de Louis XVIII tous les témoignages de la plus haute bienveillance.


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