Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

Je ne rappellerai pas le dénuement des objets de première nécessité dans lequel on affectoit de laisser la famille royale , les insultes et les menaces de tout genre qu'elle avoit sans cesse à essuyer , l'insupportable supplice d'une surveillance exercée jour et nuit au milieu d'elle par des municipaux chargés d'observer jusqu'à ses gestes , d'interpréter jusqu'à son silence (I). 11 faut lire ces douloureux détails dans les ouvrages de MM. H u e et Cléry : le sentiment y donne à la vérité l'intérêt le plus touchant. Ces nouveaux malheurs furent bientôt connus au dehors : ils ne permirent plus d'hésiter : on crut devoir tenter tous les moyens de délivrer les augustes captifs. L e s troupes combinées de l'empereur d'Allemagne et du roi de Prusse franchirent les frontières, s'emparèrent

(I) Tous n'ont pas exécuté avec la même rigueur les ordres qui leur étoient donnés: plusieurs ont même cherché à donner à l'auguste famille des preuves de respect et de dévouement. Parmi ces derniers se sont fait remarquer MM. Toulon et Michonis, auxquels cette louable conduite a coûté la vie. Le p r e mier avoit pris part à un projet d'évasion formé deux mois après la mort du Roi. L'exécution en étoit possible. Il s'agissoit d'introduire au Temple des habits à peu près semblables à ceux des municipaux et des écharpes tricolores, afin de faire sortir, sous ce travestissement, la Reine et madame Elisabeth. Le moyen employé pour M. le Dauphin étoit encore plus facile. L'homme chargé d'allumer les réverbères intérieurs venoit touj o u r s avec deux petits garçons. Gagné à prix d'argent, il auroit substitué le jeune Prince et la Princesse à ces deux enfans , et les auroit emmenés. Mais ce projet ne s'exécuta p a s , et on en a toujours ignoré la cause.


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