Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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que trop à faire tomber ce Prince constamment victime de sa loyauté et de sa bonne foi ! Cependant les forcenés, en marche depuis quatre heures du matin, approchoient du château.... vous, sauvez-vous,

Sauvez-

s'écria tout-à-coup un officier arrivé

du dehors, tout est perdu ; voilà votre dernier jour : le peuple est le plus fort....

Quel carnage il y aura !

La Reine et Madame Elisabeth éperdues ne s'occupent que du salut du Roi et de ses enfans : M. le D a u phin , arraché au sommeil , et couvrant de baisers et de larmes les mains de la R e i n e , lui demande si c'est encore le peuple de Vautre fois ( du 20 juin ) pourquoi feroit-il

du mal à papa?

il est si

bon!....

Louis XVI sans crainte comme sans reproche, se montra au balcon : une acclamation générale l'appelle dans les cours; il n'hésite point: cette courageuse confiance réveilla un moment les sentimens français : les cris de vive le Roi se firent entendre jusque dans le jardin.... Mais hélas! ils furent les derniers. Ceux de vive Pétion !à bas le Roi! vive la nation!déchéance

!

les remplacèrent presqu'aussitôt, et devinrent si nombreux qu'ils sembloient unanimes. Le R o i , plus affligé qu'aigri d'un changement aussi prompt, passa en revue les troupes destinées à défendre le château , et leur rappela leurs devoirs , mais avec une bonté qui peignoit tous ses regrets d'être réduit à cette triste extrémité. Les grenadiers de la garde nationale , vivement émus, chargèrent leurs armes en sa présence ; les canonniers, au contraires, déchargèrent leurs pièces.


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