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HISTOIRE
relie d'un mouvement séditieux. D è s cet instant, l'agitation devint continuelle : un tumulte extraordinaire jeta l'alarme au château la nuit du 4 au 5 août: Que me veulent - ils encore , dit le Roi, prétendent-ils
renou-
veler la scène du 20 juin ? Qu'ils viennent donc,
depuis
long-temps je suis prêt à tout...
Qu'on avertisse les of-
ficiers de service ; mais qu'on se garde bien d'éveiller la Reine.
L'inquiétude se prolongea jusqu'à trois heures
du matin, qu'on apprit enfin qu'il ne s'agissoit que du déménagement des fédérés marseillais qui passoient de la section Poissonnière à celle du Théâtre-Français , pour être plus à portée du club des Cordeliers ( 1 ) qui les dirigeoit. Il étoit évident que ce changement entroit dans l'exécution du plan : les avis les plus positifs l'annonçoient auRoi : son évasion pouvoit seule l'arracher des mains de ses ennemis ; deux refuges lui furent proposés, l'un au château de Gaillon , l'autre à Cambrai ; mais toujours entraîné par sa déplorable destinée , il rejeta ces projets : dans la crainte d'éprouver le sort de Jacques II , il se précipita vers celui de Charles I . er
La Reine elle-même fortifia cette dangereuse résolution. Notre fuite , disoit-elle , livreroit a la fureur des factieux le peu d'amis qui nous restent. Notre place est au milieu d'eux : nous ne devons plus quitter Paris , quels que soient nos dangers....
Héroïque , mais bien funeste
résolution ! Cependant , tout prenoit l'aspect le plus fâcheux : (I) Les chefs de ce club étoient Marat, Danton, etc.