Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

l'appuyant sur son cœur; ce battement est-il celui de la

crainte? Trois heures entières s'étoient écoulées depuis l'in-

vasion du château , l'Assemblée délibéroit encore sur l'envoi d'une députation. Heureusement pour la famille ro)ale que le bataillon des Filles Saint-Thomas ne mit point en question ce que le devoir commandoit : réuni et conduit par MM. de Villeplaine et de Salot. il s'élança au .milieu des séditieux, se fit jour à travers leurs hordes, et pénétra enfin jusqu'à l'auguste famille. Rangé autour d'elle, il forma un rempart que les brigands n'osèrent attaquer. A lui seul appartiennent l'honneur et la gloire d'avoir , par son courageux dévouement, empêché les forfaits qui auroient infailliblement terminé cette coupable entreprise. Mais hélas! ils n'étoient qu'ajournés ces horribles forfaits ( I ) . Le coup est manqué : cet aveu échappé à Santerre lorsqu'il vit les héros à piques reculer devant les baïonéttes du brave bataillon, explique suffisamment les desseins de la faction. Aussi ne devint-elle que plus active à préparer un nouveau coup. Elle sentit le besoin d'un renfort qui suppléât au coup qu'elle n'a-, voit pas pu obtenir, et eu imposât à la garde nationale si elle ne pouvoit plus réussir à l'égarer comme le reste du peuple. Ce renfort ne pouvoit être tiré que des

(I) Le Roi n'en doutoit pas. Vous faites trop d'objections pour devenir le ministre d'un Roi de quinze jours, répondit-il à cette époque à M. de Sainte-Croix qui refusoit le ministère de la justice.


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