Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

passa réellement dans les mains des jacobins! U n ministre osoit-il s'écarter de la ligne qu'ils avoient tracée, il étoit dénoncé, accusé, attaqué de toutes parts, et si le

Roi hésitoit à le renvoyer , et à prendre celui

qu'ils désignoient, une insurrection l'y forçoit bientôt. Aussi vit-on le ministère soumis à de journalières vicissitudes , tant que la faction n'y eut pas porté ses complices. La guerre , nécessaire à tous les genres de tyrannie, devenoit indispensable à celle des jacobins : elle lui ouvroit une source inépuisable d'accusations contre le R o i , à qui tous les revers seroient imputés comme des trahisons ( I ) . Ils exigèrent que ce Prince la déclarât à l'Empereur : il résista long-temps, malgré les menaces des séditieux qui venoient l'insulter jusques sous ses croisées: mais vaincu par l'avis unanime de son conseil, il fut enfin obligé de c é d e r , et le 2 0 avril 1 7 9 2 , il annonça à l'assemblée cette déclaration de guerre qui coûtoit autant à sou cœur qu'à sa politique. N e pouvant plus accuser sa conduite , les factieux empoisonnèrent ses intentions : ils supposèrent l'existence d'un comité autrichien (2) , séant aux Tuileries, et

(1) » Je n'ai qu'une crainte, disoit un des instigateurs de la » guerre , c'est que nous ne soyons pas assez trahis pour pou» voir détruire la royauté. (2) Il est impossible de ne pas être frappé de quelques rapprochemens qui s'offrent d'eux-mêmes dans la comparaison des diver- âges de notre révolution. Ce fantôme de comité autrichien , au moyen duquel l'atroce perfidie des factieux de 1792 créa tant de fausses alarmes et de maux trop réels, ne se re-


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