Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

Page 162

144

HISTOIRE

étoient, suivant eux, les royalistes, le Roi lui-même, qui cependant n'apercevoit de salut que dans cette constitution , et qui désiroit si franchement pouvoir la traîner jusqu'au moment où les intrigues et les illusions qui l'avoient produite , feroient enfin place aux véritables principes d'ordre public. La multitude déjà disposée à la défiance par l'évasion du Roi, accueilloit avec une stupide facilité toutes les calomnies destinées à entretenir son exaspération: malheureusement les circonstances prêtoient à l'imposture , et tout accès étoit fermé à la vérité. Les efforts que les Princes faisoient au dehors pour parvenir à détourner les calamités qui s'accumuloient sur la F r a n c e , étoient présentés comme des dispositions hostiles contre ce même peuple dont le salut les occupoit uniquement (I). Les braves que les plus nobles sentimens, que les motifs les plus purs rallioient autour de ces augustes chefs, furent qualifiés d'Emigrés

rebelles. Les proscriptions,

les confiscations, la peine capitale devinrent la récompense du dévouement le plus patriotique que présentent les annales des peuples (2). Le célèbre traité de Pil-

(I) Que demandoient alors les Princes aux autres Souverains de l'Europe ? Précisément ce dont s'occupent aujourd'hui ces Souverains, une digue contre le torrent qui menaçoit leurs propres Etats. Si la nécessité de ce préservatif leur paroissoit alors moins évidente, elle n'en étoit pas moins urgente : les faits l'ont suffisamment prouvé. Nos Princes ont donc au moins le mérite de l'avoir reconnu et proclamé les premiers. (a) Il est temps enfin de faire justice de tous les sophismes dont l'insultante et sanguinaire hypocrisie des oppresseurs de


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.