Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

cet esprit de conciliation, cette candeur qui caractérisoient tout ce qui sortoit de sa bouche , et que lui inspiroit son profond amour pour son peuple. La réponse du Président ( I ) fut très-noble, et peignoit ses sentimens particuliers plus peut-être que ceux de l'Assemblée. Il annonça le désir de marcher en parfaite harmonie avec le R o i ; mais ce désir n'étoit guère justifié par la manière dont elle avoit débuté : il devint d'ailleurs bientôt impossible à réaliser. Harcelée par les clubs , qui sous l'égide constitutionnelle, croissoient et multiplioient autour d'elle ; divisée en autant de factions qu'ils encomptoient euxmêmes , elle ne pouvoit pas conserver long-temps son indépendance. Elle devoit être subjuguée par celle de ces sociétés qui écraseroit ses rivales, et il étoit déjà facile de prévoir que la victoire resteroit à la plus turbulente dite des jacobins ( 2 ) . Beaucoup plus nombreuse que sa principale antagoniste, celle des feuillans, elle avoit encore sur cette dernière l'avantage immense de l'union. Le club desfeuillans

se composoit bien de

royalistes ; mais une partie restoit attachée à l'ancienne constitution du royaume, et l'autre se montroit en-

(I) M. le marquis de Pastoret. Ce choix avoit donne les plus hautes espérances, et il n'a pas tenu à sa courageuse éloquence qu'elles ne se réalisassent. (2) Les révolutionnaires les plus forcenés avoient choisi pour leurs réunions, l'église des Jacobins, située rue Saint-Honoré : le nom de ces religieux leur est resté pour les distinguer des autres sociétés politiques qui prirent également celui des lieux où elles s'assembloient.


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