Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU

DIX-HUIT

FRUCTIDOR.

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sans hériter de ses moyens de répression : sa position plus difficile , exigeoit une extrême sagesse dans ses mesures législatives , et si jamais on a pu l'espérer , c'étoit principalement de cette assemblée , dont les membres , tous nouveaux ( I ) , tous sortis de corps électoraux homogènes , sembloient n'appartenir à aucun des partis qui avoient divisé la constituante , être étrangers aux intérêts particuliers qui les avoient produits , et devoir éviter des écarts dont les funestes effets étoient si récens. Mais ils apportèrent tout le feu des passions que les maximes révolutionnaires

avoient

mises en effervescence. Affoiblir le respect dû à l'autorité royale leur parut un hommage à la liberté , et à l'égalité. Ils supprimèrent donc par un décret , le titre de Majesté,

et adoptèrent pour la réception du

Monarque à l'ouverture de la session , un nouveau cérémonial tellement inconvenant, qu'il révolta tous ceux qui croyoient à l'excellence de la constitution; et le nombre alors en étoit très-grand. L'Assemblée fut obligée de céder à la voix publique , et de rapporter son décret. Cet échec atteste suffisamment que la force de l'opinion , réunie à la bonne foi du Roi,

auroient

maintenu la constitution , si elle n'eut renfermé dans son propre sein , tous les principes de sa destruction. D è s que l'Assemblée eut fait justice de son propre tort, Sa Majesté n'hésita plus: elle s'y rendit le 7 o c tobre , et y parla avec cette mesure, cette sagesse,

(I) Aucun membre de l'Assemblée constituante ne pouvoit être appelé à cette Assemblée législative.


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