D U DIX-HUIT FRUCTIDOR.
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évidemment à celte circonstance que nous devons le bonheur de posséder le plus sage des Rois ( I ) . Le même secret n'avoit pas pu dérober celle du R o i à la perfidie. Ce trop malheureux Prince fut arrêté à Varennes , ramené à Paris en criminel , et livré plus que jamais à la rage de ses ennemis. Ainsi l'acte d'énergie, qui devoit arrêter le cours des malheurs de la France , ne fit que le précipiter. La main du temps déchirera sans doute le voile qui couvre encore cet horrible mystère: la vérité fera e n tendre sa voix, et signalera à la postérité les misérables dont la coupable trahison appela tant de maux sur leur patrie, et consomma la perte du meilleur des Rois ! L'évasion du R o i exposoit à toute la fureur de la multitude le commandant général qui étoit le premier gardien de ce Prince. Il la contint avec une adresse admirable: il parla de courriers envoyés sur toutes les routes, il donna des espérances d'arrestation, et ces espérances furent partagées par l'Assemblée elle-même : elle entendit avec un sang-froid que cet espoir seul pouvoit expliquer, la déclaration que le R o i avoit laissée: il étoit impossible de présenter un tableau plus vrai et plus frappant de son affreuse situation , de d é montrer d'une manière plus lumineuse tous les vices
(I) C'est à travers mille dangers que s'est fait ce voyage : il a fallu, pour leur échapper, tout le courage et le calme de Sa Majesté, tout le dévouement, toute la résolution de M. le comte d'Avaray, qui, parlant fort bien anglais , réussit à persuader partout que son illustre compagnon et lui étoient des voyageurs anglais.