Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

bune le 30 mars, et le 2 avril, à dix heures du matin, il n'existoit plus : les fastueux honneurs qui lui ont été votés par l'Assemblée , les déclarations qu'on a publiées n'en ont point imposé aux hommes qui connoissoient la tactique et la scélératesse des ennemis qu'il s'étoit faits : ils durent d'autant mieux s'applaudir d'être délivrés de ce complice renégat, que l'orgueil lui arracha dans ses derniers momens l'aveu de ses nouveaux projets : « Ce n'est pas sur m o i , dit-il aux » amis qui l'entouroient, que vous devez pleurer, » c'est sur la monarchie ; elle descend avec moi au » tombeau. » La mort de Mirabeau acheva en effet de décourager les amis du trône , et d'exalter ses ennemis. Ceux-ci ne masquèrent même plus leur criminelle tyrannie envers la famille royale. Louis XVI,

dont la piété étoit

si vraie , si pure , dont les regrets étoient si amers, résolut d'aller remplir à S a i n t - G o n d les devoirs religieux qu'impose la quinzaine de Pâques. Le maire de Paris et le commandant de la garde, comme pour donner plus d'éclat à l'injure qu'on préparoit à ce Prince , furent les premiers à le fortifier dans cette résolution : il voulut l'exécuter le 18 avril ; mais au moment o ù , accompagné de sa famille cl des principaux officiers de sa maison , il se mit en marche, les soldats chargés de la protéger se précipitèrent au-devant de la voiture , fermèrent les grilles, et menacèrent de tuer les chevaux s'ils faisoient un pas. Le commandant eut beau haranguer , prier, ordonner, menacer ; les mutins furent sourds à tout, et la famille royale se vit


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