Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

révolutionnaire, qu'on n'hésita point à leur sacrifier toutes les autres. A peine le décret est-il rendu , qu'on se hâte d'en demander au Roi la sanction. Le successeur de Charlemagne et de Saint L o u i s , le Roi très-chrétien, le fils aine de l'Eglise, repousse avec indignation un acte qui l'établit persécuteur de celte Eglise qu'il a solennellement promis de défendre. « Il blesse mes opi» nions religieuses, dit ce prince, il deviendra le si» gnal de persécutions et de troubles interminables... » Réflexions aussi vaincs que sages ! ce décret est une conséquence nécessaire de la constitution jurée le i 4 juillet; il faut le sanctionner, ou voir les prêtres et les nobles immolés par les séditieux aux gages de la faction. Ces dernières menaces décidèrent le Roi,

mais

ce ne fut qu'après un mois d'une résistance que ses propres dangers n'avoient pu vaincre. Cette violence faite à la conscience du Roi le blessa plus profondément que toutes celles exercées contre sa personne. Il perdit l'espoir, dont il s'étoit flatté jusqu'alors, de recueillir le fruit de ses innombrables sacrifices, et de voir l'Assemblée subjuguée par l'excès de sa bonté. Il reconnut enfin que celte bonté ne rendoit les factieux que plus entreprenans, et que le seul parti qui lui restoit à prendre pour sauver la France . étoit de secouer ses chaînes, et de se placer sur un point d'où il pût parler et agir en Roi. Mais les difficultés étoient sans nombre: Mesdames de France , Adélaïde et Victoire, l'éprouvèrent. Effrayées des progrès du mal, et convaincues de l'impossibilité de le


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