Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

fenêtres du Roi, et sous prétexte de venger cette mort, se préparoient à immoler quinze ou seize gardes-ducorps qu'ils tenoient euchaînés. Le Roi, accompagné de la Reine et de ses enfans, parut à l'instant au balcon , ayant à ses côtés M. de la Fayette. O n vit le Monarque supplier ses sujets d'épargner ces nobles prisonniers, auxquels il ordonna de prêter serment à la nation. Ils obéirent, et livrèrent leurs bandouillères à celte multitude. Elle demanda que le Roi se transportât à Paris avec sa famille ; ce prince en prit l'engagement, et à l'instant les cris de fureur se changèrent en cris de joie ; et en effet les factieux ne devenoient-ils pas , dès ce moment, maîtres de cette infortunée famille ? Lorsque le tumulte s'étoit renouvelé, le Roi avoit fait prier l'Assemblée en corps de se rendre auprès de lui; mais les factieux curent assez d'ascendant sur elle pour arrêter le premier élan qui devoit la porter tout entière au secours du Monarque. Elle délibéra froidement à la vue des poignards qui le menaçoient, et une députation de trente-six membres lui parut un rempart suffisant pour garantir des jours aussi précieux. Le

Monarque, toujours fidèle à ses promesses

quelque funestes qu'elles pussent devenir pour lui, partit en effet, escorté de cette multitude de brigands et de bacchantes. Les plus forcenées d'entre ces dernières , couronnées de lauriers, couvertes de boue et de sang, étoient à cheval sur l'affût des canons ou montées sur l'impériale des carrosses. Devant celui du R o i marchoient triomphalement les deux monstres qui


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