DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.
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gustes législateurs, traitant d'égal à égal avec leurs S o u verains, elles imposoient silence aux uns et ordonnoient aux autres de parler. Elles en outragèrent grossièrement plusieurs, et se livrèrent à toute sorte de licence. Au milieu de tout ce scandale, on apprit enfin l'arrivée des troupes commandées par M. de la Fayette. Ce général fit faire halte à l'entrée de l'avenue de P a ris : on assure qu'il exigea de ses troupes un serment : ce fut sans doute celui de respecter la dignité royale; mais déjà on commençoit à se jouer des sermeus, et aucun ne fut plus promptement violé que celui-là. M. de la Fayette s'empara des postes extérieurs du château, y plaça des détachemens, fut ensuite introduit dans le cabinet du Roi,
lui garantit l'obéissance
des troupes , et l'assura qu'il pouvoit se livrer au sommeil sans craindre de le voir troubler par aucun événement fâcheux. Les sujets fidèles qui, au bruit du danger du Roi, étoient accourus en foule dans les appartemens pour lui faire un rempart de leurs corps , furent congédiés ; les portes furent fermées, et quoique des milliers de bandits fussent répandus dans les rues de Versailles, on se reposa aveuglément pour la garde du château et la sûreté de la famille royale sur des troupes qui avoient violenté leur chef, et ne cachoient pas l'ardeur de la vengeance dont elles étoient animées. Au milieu de ces dispositions militaires , arriva le président de l'Assemblée, que le R o i avoit fait demander. O n supposoit le danger passé ; sa présence ne devenoit plus nécessaire. « Je vous ai fait appeler,