Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU DIX-HUIT

» faire justice : le sang quelle

FRUCTIDOR.

a versé étoit-il

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donc si

» pur ( I ) ? » Cependant il fut impossible de résister davantage aux instances de M. de Lally : la proclamation qu'il avoit proposée, et dans laquelle l'Assemblée rappeloit le peuple à ses devoirs, lut adoptée , publiée à Paris , et envoyée dans toutes les provinces. Cette tardive mesure ne pouvoit plus être qu'un remède inutile pour les crimes déjà commis , et bien foible pour ceux qu'on préparoit. Les factieux avoient intérêt à tenir le peuple dans une anxiété perpétuelle : ce n'étoit qu'en l'environnant de terreur qu'on p o u voit alimenter cette exaspération qu'ils utilisoient an besoin. Ils répandoient à dessein les bruits les plus a b surdes, les plus alarmans. Aujourd'hui c'étoit une armée de brigands (sortie apparemment des entrailles de la terre) qui ravageoit le Soissonnais , et tau choit les blés en vert ; le lendemain on assuroit qu'une bande

lui faire baiser. Bientôt il eut le même sort : en un instant son corps fut mis en pièces; on le mutila , o n lui arracha le cœur , et on porta ces horribles dépouilles au Palais-Royal, où elles furent jetées dans un feu de j o i e , autour duquel on dansa en chantant ce refrain d'un vaudeville : Non! il n'est point de fête quand le cœur rien est pas. La plume tombe des mains en traçant de pareilles cruautés ! M. Berthier, dans la personne duquel on outrageoit si cruellement la n a t u r e , étoit Intendant de Paris, et père de neuf enfans, qui ont hérité des vertus de cette honorable victime. (I) Le sang de Barnave lui-même fut mêlé plus tard à celui de ces victimes, par la main des monstres dont il avoit voulu justifier l'ouvrage !


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