Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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dérobera leurs poignards une partie des Princes dont l'existence et 1rs droits dérangeoient leurs coupables calculs. Monseigneur le comte d'Artois et ses deux augustes fils , cédant avec respect au désir du Roi , se dévouèrent : ils s'arrachèrent aux objets de leurs plus chères affections, et sortirent dès cette nuit même du royaume. Ce parti, que la politique et la prudence commandoient, suspendit au moins pour quelque temps le coup qui devoit frapper Sa Majesté. Monsieur

résista

à toutes les instances , s'éleva au-dessus de tous les dangers , pour aider le Roi à supporter le poids d'une couronne qui chaque jour devenoit plus pesante. L'exemple donné par la capitale n'avoit été que trop fidèlement imité dans les provinces. O n croyoit être revenu à ce siècle de barbarie où des hordes de paysans effrénés, connus sous le nom de Jaquerie,

se jetoient

comme des bêtes féroces sur quiconque avoit le malheur d'être né gentilhomme. M. Lally de Tollendal, transporté d'une juste indignation , proposa des mesures répressives : elles furent ajournées. Le peuple a le droit de prendre les armes; l'insurrection est le plus saint des devoirs; telles furent les maximes que Robespierre et autres opposèrent à la voix de l'humanité. Elles ne furent que trop bien entendues et trop cruellement mises en pratique. M M . de Foulon et de Berthier en devinrent le jour même les malheureuses victimes. Le raffinement de férocité que déploya dans cette horrible catastrophe la populace de Paris, est inoui:c'est chez les cannibales, chez les antropophages qu'il faut aller


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