Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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FRUCTIDOR.

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rêta « qu'elle ne cesseroit pas d'insister sur l'éloigne» ment des troupes ; que la dette publique ayant été » mise sous la garde de l'honneur et de la loyauté » française, et la nation ne refusant pas d'en payer les » intérêts, nul pouvoir n'avoit le droit de prononcer » l'infâme mot de banqueroute. » Comment pouvoit-on imputer au Roi un projet atroce pour lequel il avoit témoigné encore plus d'indignation que l'Assemblée elle-même ? A quel dessein l'avoit-il convoquée, si ce n'étoit pas pour éviter ce désastre ? L'oracle du j o u r , M . N e c k e r ,

n'avoit-il

pas dit avec assez de jactance que le Roi auroit pu , sans l'intervention des Etais-Généraux, remplir tous les engagemens du trésor public ; mais il falloit porter le dernier coup à l'autorité de ce trop généreux M o narque. On mit le comble à l'exaltation de la multitude en déclarant que M. Necker et les ministres disgraciés emportoient avec eux l'estime et les regrets publics. O n a connu peu de temps après le véritable but de ces emphatiques éloges et la juste valeur de cette estime , quand on vit l'Assemblée poursuivre avec acharnement ces mêmes ministres pour lesquels elle insurgeoit toute la France. Paris donna le signal : le plan étoit tellement c o n certé, les mesures si bien prises, qu'en moins de deux heures quarante-huit mille habilans de tout é t a t , de tout âge se firent inscrire et prirent les armes ; et quel lut le chef de celte singulière armée ? M. de la Fayette. Son début ne fut pas heureux. C'est en présence


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