Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

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peuple qu'on vouloit constituer son propre gardien. II apporta les nouvelles les plus désastreuses : les barrières étoient en feu ; les boutiques des armuriers avoient été pillées; on s'étoit saisi même des vieilles armes déposées comme monumens au Garde-Meuble du R o i . Une partie de cette multitude se portoit vers l'hôtel des Invalides, une antre vers le faubourg Saint-Antoine, avec le projet d'assiéger la Bastille. Chaque heure , chaque minute pouvoit faire ruisseler le sang, et amener les plus horribles malheurs. On profita de l'effroi que durent inspirer ces violences pour demander de nouveau au Roi l'éloignement des troupes, l'établissement d'une milice nationale à Paris , et le rappel des ministres disgraciés. Le Roi répondit qu'il avoit déjà fait connoître ses intentions sur les mesures prises pour réprimer les désordres de Paris , et qu'il ne pouvoit rien y changer. L'Assemblée accoutumée , sous le ministère de M. N e c k e r , à voir le Roi condescendre à toutes ses volontés, fut étonnée de sa résistance. Le déchaînement contre les ministres fut sans bornes : un orateur ne craignit pas de cherchera accréditer le bruit grossièrement calomnieux , qu'on vouloit pratiquer une mine sous la salle de l'Assemblée pour, à l'instar de la conspiration des poudres en Angleterre, ensevelir à la fois tous les députés sous ses ruines ; et cet orateur étoit un ecclésiastique ! Un délire subit s'empara de l'Assemblée : on entendit de tous côtés retentir des cris de vengeance. Ce fut au milieu de cet horrible tumulte que l'Assemblée ar-


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