Jésuites

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RETOUR SUR LE PASSÉ

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déposé sur le bureau de la grand'chambre du Parlement; et l'on discutait la question de l'enregistrement. Après qu'eut été entendu le rapport du doyen, le sieur de Fleury, une longue délibération s'engagea; les avis étaient fort partagés. Enfin, par une majorité de trois voix, il fut décidé que l'on présenterait à Henri IV de respectueuses remontrances. En conséquence, le premier président Achille de Harlay, suivi d'une délégation de la cour souveraine, était reçu au Louvre le surlendemain et soumettait au Roi, de la part du Parlement, les graves objections contre l'édit du 1 septembre, lesquelles, selon lui, rendaient impossible l'enregistrement de cet acte royal. Tous les griefs classiques contre la Compagnie de Jésus étaient une fois de plus énumérés : obéissance aveugle et passive des Jésuites à leur Général et au Pape, confiscation du nom de Jésus, concurrence déloyale et dangereuse à l'Université, tendances factieuses et doctrine du régicide, dévouement fanatique à Rome et à l'Espagne, et absence de tout patriotisme français. De nombreuses allusions bien choisies assaisonnaient chaque argument. Bref, dit un contemporain (1), la harangue de Harlay « fut plustot une invective ramassée de tous les conviées et opprobres, dont les plaidoyers de Pasquier et d'Arnauld, le Catéchisme du même Pasquier et l'auteur du Franc advis ont chargé cette religieuse Société, qu'une civile remontrance » . er

Mais la réplique de Henri IV déconcerta, par sa fermeté et sa spirituelle vigueur, l'assurance des délégués du Parlement, qui purent constater com( 1 , DUPLEIX, Histoire de Henri

IV.

Paris, 1635, p. 347.


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