Jésuites

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RETOUR SUR LE PASSÉ

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un grand acte de lâcheté politique » Comment, en effet, se demande cet écrivain, qualifier autrement la conduite du premier corps dé la magistrature française, « qui ne se donnait pas le temps de reconnaître la vérité et qui condamnait en masse, en quarante-huit heures, à un exil déshonorant, une nombreuse Société religieuse qui n'avait été ni écoutée, ni défendue, pour une tentative de régicide à laquelle elle n'avoit aucune part ? » Faut-il ajouter que si le moindre soupçon sérieux de pareille complicité avait plané sur nous, le pape Clément V I I I , non moins que tout autre Souverain Pontife, eût immédiatement agi sur notre Père Général et celui-ci sur la Compagnie en France? Non seulement il n'en fit rien, mais bien que Henri IV, récemment entré à Paris, eût abjuré l'hérésie protestante, Clément V I I I se refusait toujours à lui accorder l'absolution, et Henri IV poursuivait à la cour pontificale des négociations fort délicates pour obtenir d'être absous. Or, comme il s'agissait de fixer les conditions, le Pape songea un moment à eu poser une qui aurait gravement embarrassé Henri IV. Comme condition sine qua non de l'absolution, il aurait réclamé le rétablissement immédiat des Jésuites en France. Pareille mesure, à cette date, était rendue périlleuse, inexécutable par la puissance et la violence qu'aurait eues l'opposition parlementaire. Un homme, à la cour romaine, s'en rendit sagement compte et obtint de Clément V I I I qu'il renonçât à faire de la Compagnie de Jésus un grave obstacle, peut-être au bien commun de l'Église et de la France. Cet homme était le Général même des Jésuites, Claude Aquaviva.


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