Jésuites

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RETOUR SUR LE PASSÉ

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de réparer les injustices du P. de Sacy. La marquise put communier, mais en secret, et sans en rien dire, de peur d'attirer à son complaisant directeur le désagrément de rougir devant des confesseurs plus scrupuleux. Tout cela est-il vrai? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas ce que voulait l'orgueilleuse marquise. Il lui fallait une absolution publique et donnée par un Jésuite. On savait qu'elle l'avait briguée; faudrait-il boire la honte d'un échec ? La marquise imagina de faire agir le Roi. On avait bien pu lui résister ; mais comment résister au Roi? Les Jésuites savaient bien que, lorsqu'une fois ils encourraient la disgrâce du souverain, c'en serait fait d'eux, de leurs collèges, de leurs maisons, de leur influence. En face, était l'innombrable armée des Jansénistes, des Parlementaires, des Philosophes, tous ennemis acharnés de la Compagnie de Jésus, tous prêts à s'élancer sur elle au moindre signe du Roi. Il était clair qu'à aucun prix les Jésuites ne pouvaient s'exposer à mécontenter Louis X V . Celui-ci écrivit donc aux Pères de la rue Saint-Antoine ; le fait est certain, quoiqu'on ignore les détails. L'effet de la lettre fut grand. Les Pères, le P. de Sacy surtout, durent être plus embarrassés que jamais. Le Roi avait parlé; mais les commandements de Dieu étaient là. On se rappela qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes; rien ne fut changé à l'arrêt qui avait été rendu. On devine le dépit de la favorite et quelle haine elle voua, elle, la femme toute-puissante, à ces religieux qui seuls osaient loi résister.


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