Jésuites

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RETOUR SUR LE PASSÉ

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d'écrire à son mari. On montrait les copies de la lettre ; on disait que c'était le P. de Sacy qui lavait dictée. La marquise reconnaissait qu elle s'était rendue coupable ; elle se repentait sincèrement de tous les dérèglements dé sa vie : « Je reconnais mon tort et je veux le réparer... je suis résolue, par ma conduite à venir, d'effacer ce qu'il y a dans ma conduite passée ; reprenez-moi, vous ne me verrez, plus occupée qu'à édifier le monde par l'union où je vivrai avec vous, autant que j'ai pu le scandaliser par ma séparation. » Ce que la cour ne savait pas, c'est que pendant que la marquise composait ou faisait composer cette épître toute pleine d'un repentir hypocrite, M: de Soubise, le confident de ses chagrins et le complice de ses intrigues, se rendait à Paris près de M. Lenormand d'Étiolles. Il lui annonça qu'on allait bientôt lui apporter une lettre de sa femme, le mit par là en garde contre l'effet d'un premier mouvement de sensibilité, et, après différents propos, il ajouta : « Je ne veux nullement influencer la résolution que vous allez prendre, mais je Vous préviens que si vous acceptez, vous désobligerez infiniment le Roi. » Lenormand comprit et refusa. C'était là ce que voulait la marquise. Forte du refus de son mari, elle dit partout que ce n'était pas de sa faute si elle persistait à demeurer à Versailles, qu'elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour retourner près de M. d'Étiolles, et que par conséquent le séjour près du Roi ne devait pas lui être imputé à crime. La première partie des objections de la reine


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