Jésuites

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COUP D'OEIL SUR L'AVENIR

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La transportation avait été organisée par le décret présidentiel du 25 mars 1852. — On voulait, par son moyen, alléger d'abord, supprimer ensuite, les bagnes de Brest, de Rochefort et de Toulon, où six mille galériens étaient entassés. On espérait aussi rendre par là plus efficace et plus humaine la peine des travaux forcés. Il s'agissait enfin de poursuivre à la fois une couvre de bien public en appliquant les condamnés à l'exploitation dune colonie, et une œuvre de haute moralisation en leur permettant de se réhabiliter dans le travail et une demi-liberté. Il était évident, dès lors, que le prêtre était un appoint essentiel dans l'entreprise qu'on tentait. Il fallait des aumôniers. Ceux de la flotte étaient trop peu nombreux pour se charger du nouveau service qu'il s'agissait de créer. Aussi le ministère de la marine et des colonies s'était-il adressé à deux congrégations religieuses. Mais ses offres avaient été déclinées. — On manquait de sujets et, dans cette pénurie, les supérieurs, se demandant avec douleur si le ministère proposé n'était pas fatalement voué à la stérilité, avaient cru devoir réserver les forces et le dévouement de leurs missionnaires à une tâche, plus féconde et de succès moins incertain. -

Par bonheur, les Jésuites connaissaient mieux les malheureux qu'on allait transporter loin de la France. On était au lendemain de ces fameuses Missions des bagnes qui avaient fait tant de bruit. Comment du reste auraient-elles passé inaperçues ? Spectacle pareil avait-il jamais été donné ? Un bagne en retraite, et en retraite pendant un mois ! Deux fois par jour, matin et soir, les forçats écoutant avec avidité les sermons qu'on leur faisait ; les bonnets verts aussi


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