Jésuites

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JÉSUITES

nel, écrit par un ancien professeur de l'Université. « Autrefois les sorties étaient rares. Il nous semble que, sous la Restauration, elles n'avaient lieu qu'une fois par mois. Sous Louis-Philippe, ce fut tous les quinze jours. Aujourd'hui, on sort tous les huit jours, même davantage. « Ceux qui ont vécu avec des collégiens ne nous contrediront point. Une sortie constitue une perte de trois jours. « La veille, l'imagination de l'enfant est tout à la pensée des plaisirs qu'il se promet pour le lendemain ; le jour qui suit la sortie est donné tout au souvenir enchanté et corrupteur de ce que l'enfant a vu, entendu, fait et souvent même bu. « La sortie, comment se passe-t-elle ? « Quel est l'emploi de ce bienheureux dimanche ? Les pères de notre temps se sont faits les indécents camarades de leurs fils. Ils les entretiennnt de tout, les mènent partout. Les enfants ont leur opinion sur la politique, sur les acteurs et les actrices de Paris, sur les endroits où on s'amuse, sur les chevaux <le course, sur les skatings, sur bien d'autres choses. « Est-il bien édifiant de voir chaque dimanche nos lycéens, petit peuple en tunique,— timicatum popellum, — s'étaler sur le devant de nos cafés, ou, le cigare aux lèvres et le lorgnon à l'œil, tracasser de leurs bottines et de leur stick l'asphalte de nos boulevards"! De là est venue toute une génération de fanfan Benoîton et de Toto ! « Les coupables, ce ne sont ni les royautés, ni les empires, ni les républiques; les coupables, les vrais et premiers coupables, ce sont les pères de famille pleins pour leurs fils de faiblesses pervertissantes.


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