Jésuites

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COUP D'OEIL SUR L'AVENIR

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l'enfant tout en sanglots ne pouvait parvenir à déta cher ses petits bras de son cou. Enfin la séparation se fit et, reconduisant le père, je lui dis pour le consoler lui-même : « J'espère, monsieur, que votre fils va se remettre et s'accoutumer peu à peu. — Que trop vite ! me répondit-il en souriant, et essuyant une larme ; je suis votre ancien élève aussi et je sais bien ce que c'est. Dans quelques jours vous l'aurez si bien empoigné qu'il sera plus heureux chez vous que chez moi. Mais, mon Père, ajouta-t-il en me serrant la main, il n'y a pas d'offense, vous mêle rendrez m'aimant mieux et me respectant davantage : et quand l'heure des passions sonnera, où l'autorité de sa mère et la mienne seront impuissantes, la vôtre le retiendra ou le fera revenir; il reviendra non pas à vous, mais à nous. Merci, mon Père ; c'est pour cela que je vous le confie. » Voilà, en définitive, le but que nous nous proposons ; voilà le but que nous atteignons, et c'est ce genre de succès plus que tout autre qui attire à nous tant de mères chrétiennes et les incline à nous donner leurs fils. Toutes ont au fond du cœur le courage de cet aveu qui les a déterminées au sacrifice de la séparation : toutes ne l'ont pas toujours sur les lèvres quand, aux premières visites qu'elles viennent faire à leur enfant chéri, elles le trouvent tout entraîné par l'ardeur du jeu, et plus pressé du désir d'y retourner qu'il ne convient à leur tendresse. C'est cette même tendresse qui se plaint de voir l'enfant obtenir si rarement de passer une journée au foyer paternel Chez nous, en effet, les sorties sont bien plus rares que dans les lycées. Voilà le vrai grief et qui porte plus loin que le


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