Jésuites

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XXVIII

INTRODUCTION

qui tenait alors garnison à Lille, était venue à l'un de mes camarades de Lille. Mon père ne parut pas le comprendre d'abord, mais le comprit enfin. Dieu aidant. Depuis la blessure reçue en 1848, dont les souffrances allèrent, durant plusieurs années, en s'aggravant. Dieu avait parlé à son cœur. Du premier coup, il n'entendit pas sa voix, ou du moins ne voulut pas l'écouter ; mais il eut beau fermer les oreilles, la souffrance apporte avec elle sa bénédiction. Désespéré de ne pouvoir y mettre une lin, craignant que cette plaie, qui se rouvrait sans cesse avec de vives douleurs pour rendre les esquilles du sinus maxillaire brisé, ne se fermât jamais, il demanda au premier président

de la Cour des

Comptes un congé pour fuir l'hiver ; on lui confia une mission en Algérie. Mon père avait encore trop de foi et d'honneur pour se suicider; mais il se croyait incurable, et il se promit bien, si l'occasion se présentait en Afrique, de se battre, d'y aller de grand cœur et de se faire tuer. Elle se présenta, et deux fois la vie de mon père fut singulièrement

protégée. Je ne veux pas la

raconter, et je m'excuse d'avoir parlé si longuement de choses qui, probablement, n'intéresseront personne. Si je les ai dites, c'est que mon père, épargné une fois de plus par la mort. trouva dans cette conservation extraordinaire de sa vie le point de départ de la grâce de Dieu qu'il sentait tangible,


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