Jésuites

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JÉSUITES

baptême de la Révolution et avaient parfaitement oublié l'autre. A tous ceux-là, parler d'Eglise, parler de culte, c'était trop : l'Etre suprême de Robespierre leur paraissait même une hardiesse ; leur parler de religieux et de religieuses les aurait fait rire. 11 fallait bien pourtant que Bonaparte s'appuyât sur quelqu'un et sur quelque chose. Ses victoires ne suffisaient pas. Il jugeait l'ancien régime, il le jugeait peut-être trop sévèrement; mais les déclamations de la Bruyère, le succès des pièces de Beaumarchais n'étaient pas pour le provoquer à l'indulgence Au temps où il concourait pour le prix d'éloquence de l'académie d'Aix, les lectures de Rousseau et des philosophes de l'époque n'avaient-elles pas ébranlé les assises de sa foi ? Cependant, le peu de foi à l'italienne qu'il avait gardée de l'éducation maternelle reçue en Corse s'unissait aux souvenirs des Oratoriens de Brienne pour lui suggérer le respect de la religion catholique. Or, l'expérience de la vie publique, le frottement avec les Jacobins si âpres à la curée des places cl des honneurs, au lendemain de la chute de ce régime à qui ils avaient tant reproché le favoritisme, enfin l'ambition bien légitime et les espérances glorieuses que devaient lui suggérer ses victoires, tout en lui montrant qu'il était l'homme choisi pour remettre la France sur une base solide, ne lui indiquaient pas où cette base devait prendre ses points d'appui. Où donc devait-il les chercher? Un jour, entrant dans la bibliothèque de la ville d'Hyères, ma main tomba sur un recueil de pièces dont j'ai oublié le titre ; et j ' y lus que Bonaparte,


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