Jésuites

Page 154

122

JESUITES

reniât ses opinions de légitimiste. Nommé ministre plénipotentiaire en Grèce par Charles X en 1830, il envoya, au lendemain des journées de Juillet, à M. Molé, devenu ministre des affaires étrangères du roi Louis-Philippe, sa démission en ces termes : « J'irai à Paris donner mon adhésion d'une main et ma démission de l'autre ; adhésion comme citoyen publie qui préfère tout à l'anarchie, et démission comme homme d'honneur qui ne permet guère de servir le lendemain un régime né des ruines d'une dynastie qu'on servait la veille. » Louis-Philippe dit en la recevant : « Voilà enfin une démission donnée d'une manière honorable, digne et délicate ». Il lui offrit l'ambassade de Londres, que Lamartine refusa. Lamartine n'était pas un homme à renier son passé ni celui du pays mais, comme tous les grands poètes, il voyait loin et juste; Sainte-Beuve dit de lui « qu'il agissait avec cette divination de la pensée publique qu'ont les poètes et que n'eurent jamais les doctrinaires ». Lorsqu'il entrait à la Chambre, en 1838, Thiers disait : « Voilà le parti social qui entre, » et les députés, qui l'entouraient, de rire avec lui. Ils ne riaient plus, dix ans après, et leur chef n'avait pas cru dire si juste ; le « parti social » entrait dans cette Chambre derrière le poète, pour la balayer. Il vient toujours une heure où le peuple suit l'homme de l'idée et culbute les gens de l'esprit. « Reprenez dans le détail, dit M. E.-M. de Vogué (1), les controverses de vingt années, entre Lamartine et le gros des habiles, entre lui et Thiers, ( 1 ) E . - M . DE VOGUÉ, Heures d'histoire,

p. 60-67.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.