Jésuites

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JÉSUITES

quels Charette, j'avais offert, comme chambrée commune, la grande sacristie. C'était le soir : une nuit très douce d'hiver naissant. Les officiers avaient ouvert les fenêtres, et de là parlaient les cris que je venais d'entendre. Ces Messieurs tiraient, pour ainsi dire, les camps comme s'il s'agissait d'une partie de barres. Ils formaient leurs compagnies, n'avaient là que 150 soldais arrivés, mais c'était des cadres, presque uniquement des caporaux, sous-officiers et officiers. Gambetta, plein alors de bon sens et d'idées larges, avait accepte comme régiment français cette troupe qui arrivait pourtant de l'étranger, et de quel étranger ! Il avait dit à Charette : « Recrutez-vous, formez-moi un grand régiment. » On avait inséré un appel dans les journaux, et, en attendant qu'il v lui répondu, ces Messieurs, consultant leurs souvenirs, nommaient d'avance et immatriculaient tous ceux de leurs anciens soldats qu'ils prévoyaient devoir accourir à leur invitation. Ils se les partageaient. Or, qu'est-ce que j'entendais ? « Un tel, il ne viendra pas. il est marié. — Le mariage n'y fera rien ; il est venu à Rome à tous les appels. Il viendra. » Et c'était toujours la même réponse. Un zouave pontifical, retourné chez lui après Castelfidardo, était revenu à Home, plusieurs années après, soit pour Mentana, soit à quelque autre appel de son chef, celui-ci se disait : « Là, en France, dans la France envahie, devant le péril prochain, il marchera au canon, il viendra au drapeau français, parce qu'il n'a jamais fait la sourde oreille à l'appel du drapeau pontifical. » Et le chef ne se trompait pas, et, peu après, c'était par milliers qu'on comptait les volontaires.


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