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du pape Rezzonico. Les cours de Madrid, de Versailles et de Naples, où le parti philosophique dominait, employèrent tous les moyens qui étaient en leur pouvoir pour élever sur la chaire apostolique un pontife qui voulût consentir à sacrifier les Jésuites : car nous ne pouvons regarder la suppression de leur Ordre que comme un sacrifice pénible exigé du Pape » ... Et plus loin, Schœll ajoute : « L'Eglise se trouvait dans une fermentation extrême, lorsque Clément XIV monta sur le trône pontifical. C'était l'époque où le parti religieux dominait... Il est incontestable qu'on s'occupait d'un projet de schisme par la création de patriarches nationaux, indépendants de la cour de Rome. La prudence de Clément XIV, les concessions qu'il fit à l'esprit du siècle écartèrent ce danger (1)... » A peine les premiers jours de trêve indispensables accordés au nouveau Pape, on peut dire que la bataille commença. Nous ne la raconterons pas. Quelques lignes de M. de Saint-Priest suffisent d'ailleurs à en faire juger : « Ganganelli, dit-il, tachait de ressaisir le temps qui fuyait sous lui ; il s'efforçait de prouver que, sous le coup d'une dissolution, les Jésuites étaient moins redoutables que jamais. Il suppliait Florida-Blanca d'attendre la mort prochaine de leur Général, le P. Ricci ; mais le fougueux ministre rejetait avec mépris ces nouveaux délais... » Ce mépris était tel que l'Espagnol ose un jour appuyer ses instances d'un argument intéressé ; il garantit au Pape la restitution d'Avignon et de Bénévent aussitôt après la promulgation du bref ; mais le (1) Cours d'histoire

des États européens, t. X L I V , p. 75 et 77.


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