De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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nels, est laissée à la discrétion du juge, a le tort de perpétuer une condamnation éteinte et de provoquer les récidives en creusant un abîme entre la faute et le repentir. La surveillance, on le sait, a pour but d'imposer au condamné libéré, soit à toujours, soit pendant un temps plus ou moins long, l'obligation de résider dans un endroit déterminé sous l'œil de la police. Qu'arrive-t-il ? Les portes du travail se ferment devant ce paria qui, privé du droit d'aller et de venir, désigné fatalement aux défiances de ses compagnons d'atelier et de l'entrepreneur, n'a plus d'autre ressource que la fuite et le crime. Qu'il y ait danger pour la société dans le vagabondage des libérés en rupture de ban, cela n'est pas à contester, si l'on accepte la législation actuelle comme point de départ; qu'à ce titre on étudie les moyens de donner à la surveillance une sanction sérieuse, cela se conçoit encore; mais il ne faut pas perdre de vue que c'est surtout comme auxiliaires possibles des partis que le décret du 8 décembre a prononcé la peine de la transportation contre les libérés en rupture de ban. Il faut enfin constater qu'à la rigueur le libéré ordinaire peut, dans une certaine mesure, conjurer l'application du redoutable décret ; qu'en acceptant la surveillance avec toutes ses charges, il n'est pas dans l'impossibilité absolue de désarmer les rigueurs de l'administration. Ce n'est enfin que par un acte de sa volonté, si la volonté peut agir toutefois


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