De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

positions pénales, c'est surtout quand la parole, est à ce que l'on appelle, je crois, la raison d'Etat. Aussi, Lien qu'on ait eu soin de comprendre la ratification de ce décret dans le plébiscite du 20 décembre 1851, et par cela même de l'élever à la hauteur d'un acte constitutionnel, partant irrévocable sous l'empire, l'expérience a surabondamment montré qu'il n'avait pas ce caractère d'équité au moins relative sans lequel la loi n'est qu'un abus. Gomme tous les gouvernements monarchi-. ques, celui de décembre partait de ce principe tant soit peu prétentieux, que ses adversaires se recrutaient principalement parmi les ennemis de la société, les violateurs habituels de la loi commune, et c'est à ce titre,— les considérants du décret l'énoncent formellement, — qu'il se donnait le droit de transporter indifféremment les réclusionnaires, les forçats et les membres des sociétés secrètes. Dans cet ordre d'idées, l'assimilation établie entre les catégories frappées n'a plus rien d'illogique. Le gouvernement atteignait du môme coup un double but: il déconsidérait les partis politiques et enlevait à la révolte la réserve où, suivant lui, elle venait remplir habituellement ses cadres. Si, maintenant, la société y trouvait une protection contre les libérés que vomissent chaque année les prisons centrales et les bagnes, tout était pour le mieux. Mais


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