DE PARIS A CAYENNE
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chissent, aux cœurs trop longuement éprouvés, et savais-je si ces liens que l'arbitraire administratif brisait comme à plaisir, je pourrais les renouer jamais ? Enfin, si les chemins de fer ont pour ainsi dire supprimé les distances à l'intérieur de la France, notre transport en Corse nous enlevait le bénéfice des communications régulières et fréquentes, nos correspondances devant désormais subir les risques de mer. Or, pour le prisonnier qui n'a que ce moyen de se rattacher à la vie extérieure, qui, séparé de tous ceux qui lui sont chers, ne vit que de leurs souvenirs, c'est beaucoup que le retard et l'incertitude de la poste. Hélas! quelques mois plus tard, je devais sentir bien plus vivement les chagrins de l'éloignement ; il me faudrait trois mois pour échanger avec les miens des adieux et des encouragements !
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