De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

Page 301

DE P A R I S

A CAYENNE

297

novembre 1860, c'est-à-dire deux ans jour pour jour après ma bienvenue chez M. Franconie. Le moment ne saurait donc être mieux choisi pour exprimer toute ma reconnaissance à l'homme qui fut mon bienfaiteur avant de savoir si je pourrais être son ami, et qui, depuis, je le dis avec orgueil, s'est hautement félicité des événements qui ont mis sa main dans la mienne. Et, pour tout concourût à mûrir et que à cimenter cette liaison, commencée sous de si favorables auspices, les deux fils rivalisaient avec le père pour me combler d'attentions. L'aîné, jeune homme de 25 ans, dirigeait une partie de l'importante maison de commerce fondée par son père, et il était facile de voir que les leçons paternelles n'étaient pas tombées sur un sol ingrat. Je l'ai vu mêler la science des affaires, l'ordre et la régularité, au désintéressement et à la générosité, et il serait grandement à désirer que cette pratique, résultant de l'union de deux éléments supposés incompatibles, se répandît non-seulement à Cayenne mais en Europe. La probité commerciale ne serait plus une chimère. Quant au plus jeune fils, qui n'avait pas 14 ans ; le père me pria d'en surveiller l'éducation, obligé qu'il était, par l'accroissement de ses affaires, de ne plus s'en occuper personnellement, et ce qui, dans toute autre circonstance, m'eût semblé une corvée, devint un vé-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.