De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

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sonne et qui m'eût fait accuser de prétentions personnelles peu compatibles avec mes habitudes de réserve et de discrétion. Au surplus, je n'eus pas longtemps à subir les petits désagréments du régime établi à l'île du Diable. Le chef de bataillon qui commandait aux îles du Salut, M. Plane, ne tarda pas à nous faire visite, et sa venue fut pour moi comme pour mes compagnons l'occasion d'un changement notable dans le régime. L'appel de six heures du soir fut supprimé d'une manière générale, et chaque détenu obtint ce dont il avait besoin comme instrument de travail, pelles, pioches, etc. Quant à moi, qui n'avais rien à demander et qui ne demandais rien, le commandant me ménagea spontanément d'autres compensations. Il m'exempta absolument de tous appels et m'autorisa à coucher dans ma case. C'était assurément quelque chose d'important pour moi, d'échapper à la promiscuité du dortoir commun, et rien ne pouvait m'être plus agréable. Il n'y avait qu'un inconvénient, c'est que je n'avais pas de case et qu'il m'eût été difficile de passer la nuit dans celle que je partageais pendant le jour avec mon amphitryon ordinaire. Je déclinai donc l'offre du commandant, mais il para à la difficulté en me donnant pour logement la chambre vacante du commandant particulier, jusqu'à ce que je fusse en possession d'une case, pour laquelle il m'alloua les matériaux et le mobilier nécessaires.


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