DE PARIS A CAYENNE JOURNAL D'UN TRANSPORTÉ
CHAPITRE
PREMIER
Maison centrale de Belle-Ile. — Personnel. — La vie de prison — Il faut céder la place aux forçats. — Départ pour la Corse.
Je ne suis pas né avec la passion des voyages, et, s'il m'avait été donné d'arranger ma vie au gré de mes désirs, je l'eusse passée tout entière au milieu de ceux que j'aimais et qui m'aimaient. Les événements en ont autrement décidé, et, à diverses reprises, avant comme après 1848, j'ai appris combien était dur à monter l'escalier de l'étranger. Aussi, quand, en 1853, renonçant à la sécurité de l'exil, je quittai l'Angleterre pour venir à Paris en contrebande, j'oubliai les périls qui menaçaient ma liberté, les surprises qui attendent l'homme en butte aux recherches des polices; j'étais dans mon pays, j'étais en France. Et,