De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

j'ai eu la douleur de voir un canot chargé de ces saintes personnes rouler le ressac sur le sable de la grève, ni plus ni moins que si c'eût été de vulgaires infidèles. Il ne nous fallut pas moins de trois jours pour terminer les approvisionnements que nous avions à demander à Ténériffe, et, cela fait, nous remîmes le cap sur la Guyane. Si le temps continuait d'être magnifique, là chaleur n'avait pas attendu jusqu'à ce jour pour se faire sentir. Encore un pas et nous allions rencontrer les vents alizés qui devaient nous porter à la Guyane. Une fois dans cette région, nous n'avions plus à craindre que le calme, et si le calme est pour les navires à voiles un plus dangereux ennemi que la tempête, ce ne devait être qu'un obstacle indifférent pour les navires à vapeur. Par son caractère mixte, la Seine n'avait donc point à redouter le voyage ; avec un vent favorable, elle n'avait qu'à tendre ses voiles pour faire en moyenne sept ou huit nœuds à l'heure, soit cinquante et quelques lieues par vingt-quatre heures. Dans le cas contraire, elle pouvait allumer ses fourneaux et atteindre la même allure avec la puissance de sa vapeur. Il n'y avait à cela qu'une toute petite difficulté, c'est que les navires mixtes, d'après les instantes recommandations du ministère de la marine, doivent brûler du charbon le moins possible et seulement dans les circonstances les plus graves.


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