De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

chot, succédant aux délicates attentions que j'avais rencontrées sur l'Eclaireur et sur l'Yonne et toujours sans avoir donné la moindre prise aux rigueurs du règlement, il y avait là quelque chose d'intolérable. Que devrais-je attendre désormais, et pendant le long voyage que j'avais à faire et pendant mon séjour à Cayenne ? J'étais réduit à envier le sort de mes compagnons de transportation qui, du moins, n'étaient pas privés de la lumière du jour et ne se voyaient pas traités avec un pareil luxe de sévérité. Vers les quatre heures du soir, un gardien vint m'apporter un morceau de pain, et je profitai de sa présence pour demander à parler au geôlier, non sans me plaindre, comme de raison, de l'exception dont j'avais été l'objet. Ma requête demeura sans effet, et je dus me résigner à passer la. nuit dans cette désagréable position. Cependant j'étais fatigué, et, à tout prendre, je n'avais pas à regretter beaucoup l'entrepont de l'Yonne ; plancher pour plancher, autant valait un lit de camp qui, du moins, avait l'avantage de ne pas être soumis à une oscillation perpétuelle. Je m'endormis donc sans peine du sommeil du juste, remettant au lendemain les affaires sérieuses. Le lendemain, si mes yeux ne purent m'annoncer le lever du soleil, le mouvement de la prison m'avertit qu'il faisait jouret grand jour, partout ailleurs que chez moi. J'appelai le gar-


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