De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

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IX

Dix ans de Cayenne. — Marin et Lange. — Les Invalides du bagne. — Les vétérans de 1804. — Sa Grâce le duc de Devonshire.— La messe du dimanche. — Pâques. — Les jésuites. — Douze communiants pour 2 fr. 75. — Le frère Léotade.

Tous les transportés réunis au fort Lamalgue avaient sur moi l'avantage d'être officiellement fixés sur leur position. En les arrêtant, la gendarmerie leur avait notifié en due forme l'arrêté préfectoral, approuvé par le ministre, qui ordonnait leur transportation et en déterminait la durée. J'avais été, moi, traité avec moins de façon. Depuis mon départ de Corte, j'avais passé de main en main, de prison en prison, sans savoir où j'allais, comme un ballot de marchandises que se transmettent les messageries sans en connaître la destination définitive. Je ne pouvais pas, à la vérité, conserver le moindre doute sur le sort qu'on me préparait. Je savais que le fort Lamalgue était l'antichambre de Cayenne, mais j'ignorais combien de temps devait durer le traitement qu'on se proposait de m'y faire subir, sans doute pour me guérir


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