Mémoires inédits et correspondance sur Billaud Varenne et Collot d'Herbois

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BILLAUD VARENNE.

mière maladie qui m'avait déjà conduit à deux pas du tombeau, j'expirais sous la flétrissure de l'opprobre, horriblement déchiré par la d o u leur et le désespoir. Depuis m ê m e , combien d'autres maladies violentes n'eussent-elles pas achevé de

m'arracher cette fatale

existence,

devenue d'autant plus frêle, qu'elle était fortement minée par la corrosive adversité, si ce n'eût

été

la

bienveillance

secourable

d'une

autre créature (1) qui, n'ayant qu'une âme sensible et honnête,

pour

la

dédommager

de

l'abaissement de sa condition aux yeux de qui sait apprécier les bonnes qualités, n'importe dans quelle classe il les découvre, se consacra entièrement au soulagement de mon sort misérable. Son empressement à partager ma d é tresse a soutenu mon courage, souvent prêt à m'abandonner. Car, de même que les grands revers, dans les crises politiques, en enflammant

l'imagination, électrisent l'âme

et

lui

donnent du ressort, de même les peines

ob-

(1) Virginie, négresse.


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