MÉMOIRES.
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térées, les cicatrise et les guérit. Quant à moi, que d'obligations ne lui ai-je pas, lorsqu'elle a su rendre supportable pour une victime de la liberté, jusqu'au cachot où j ' a i langui près de neuf mois, indépendamment de quatre années de détention arbitraire, et de toutes les vexations, les rebuts, les outrages, les angoisses du dénuement, qui n'ont guère cessé de me harceler au sein d'un contrée où, avec le titre de proscrit, on m'a jeté presque nu. Néanmoins,
malgré
toute
l'efficacité
du
secours que m'a prêté cette flatteuse espérance, eût-elle suffi pour me donner la force de m'abreuver de tant de déboires, sans en être suffoqué? non, et j e dois aussi rendre grâce à la trempe assez
mâle de
mon
caractère
qui,
secondé par la philosophie que j'ai due à un esprit réfléchi et à la raison qui en dérive, m'a muni d'un stoïcisme inébranlable, où j'ai puisé la constance nécessaire pour traîner, sans en être abattu, une chaîne si étendue de souffrances. Je rends grâce surtout à la nature qui a écarté de mon âme ces passions dévorantes