BILLAUD VARENNE.
414
rable situation. D ' o ù vient ce contraste? C'est que, dans nos impressions diverses, l'esprit est le principal ministre de notre âme. Qui a bien examiné, comme moi, dans le calme de la réflexion, d'où partent nos mouvements intérieurs, sait que l'âme a très souvent beaucoup moins de part que l'imagination à la manière
dont
nous sommes affectés. J'ai éprouvé par moimême que, se rendant, pour ainsi dire, l'arbitre de nos sensations, c'est cette imagination seule qui nous montre à son gré les différentes situations de la vie, tantôt sous un horizon nébuleux, tantôt sous un j o u r riant. Tout dépend de la façon dont elle est frappée, et loin que le cœur y entre d'abord pour quelque chose, c'est elle au
contraire
qui, lui
transmettant
ses
propres émotions, s'en empare et le domine ensuite à sa fantaisie. Or, comme elle consiste toute en pensées, pour elle l'illusion ne s'interpose que mieux devant la réalité. C'est ainsi qu'abusant du jeu mensonger de l'anamorphose, la préoccupation de l'esprit prête de loin à nos regards fascinés