Mémoires inédits et correspondance sur Billaud Varenne et Collot d'Herbois

Page 432

408

BILLAUD VARENNE.

séides. A notre arrivée sur la place, dite, clans ce temps-là, de la Révolution, une

centaine

d'égorgeurs, couverts de haillons, percèrent la haie, sans obstacle, et s'étant emparés de la berline de Barrère et de la mienne, après avoir coupé les traits des chevaux de poste, qui disparurent soudain,

se disputèrent entre eux,

pour décider quel serait le genre de mort qu'on nous ferait subir. L'objet de cette étrange discussion

était d'attendre le retour de Collot-

d'Herbois, après lequel on avait couru. Cependant les deux victimes,

déjà placées

sous le couteau, avaient si notoirement la conscience intacte de l'accusation intentée contre elles, que c'est parce qu'il avait fallu renoncer à nous mettre tous les trois en jugement devant les tribunaux, qu'on employait l'expédient plus commode d'un

assassinat. Mais le ciel, trop

juste pour ne pas être indigné de tant de noirceur, daigna veiller à la conservation de l'innocence, et d'horreur

pour déjouer les projets pleins

de la perversité, il fit accourir la

multitude à notre délivrance, par les Champs-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.