Mémoires inédits et correspondance sur Billaud Varenne et Collot d'Herbois

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BILLAUD VARENNE.

reste j'eusse conservé au fond de mon

âme

autant d'honnêteté que de sensibilité, j e ne méritais donc que la femme qui reçut ma main, et qui, pour apposer le dernier sceau à mes affronts, est déjà veuve d'un second mari, malgré que le premier respire toujours. Au surplus, si celle-là, oubliant son honneur et ses devoirs, a eu le cœur de m'abandonner

entièrement,

dans les douloureuses étreintes de la disgrâce, pourquoi m'en plaindrais-je, lorsqu'une autre, à qui j'étais étranger, et un étranger hideusement défiguré par les plus noires calomnies, n'écoutant néanmoins que sa commisération, s'est empressée de me prodiguer ses secours bienfaisants et m'a comblé d'autant de soins qu'un ingrat, un traître odieux, l'avait autrefois accablée de chagrins cuisants. Une autre remarque qui concourt à rendre encore plus méritoires son humanité et son zèle envers un homme qui devait pour le moins paraître indifférent à cette respectable Sœur grise, c'est qu'elle était animée d'une piété sincère et solide qui, sans l'éminence d'une bienveillante géné-


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