Mémoires inédits et correspondance sur Billaud Varenne et Collot d'Herbois

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MÉMOIRES .

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Ces dignes Sœurs grises, autant donc pour ne point démentir leur charitable commisération, que pour disculper leur conscience timorée, se hâtèrent de mettre à profit le reste de cette affreuse journée. Leur premier soin compatissant fut de s'empresser de faire passer tous ces galériens dans une salle contiguë, et, anfin de condamner complètement la porte de c o m m u nication ; elles la masquèrent par une grande armoire.

Enfin, vers minuit,

la supérieure,

accompagnée de deux autres sœurs et des infirmiers, me firent placer sur un brancard; et les yeux baignés de pleurs, dont le souvenir précieux, après plus de quinze ans écoulés, en arrache encore à mon attendrissement, elles escortèrent cette translation, plus lugubre, il est vrai, que ne peut l'être un convoi funèbre, dont les sanglots sont déchirants. Aussi dans nos entretiens postérieurs : « Comment, me disaient-elles, n'avoir pas l'âme pénétrée d'affliction, en voyant un homme qui avait joui de tant d'importance, et à qui il restait, dans sa disgrâce, tant d'honnêteté, être traîné

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