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BILLAUD VARENNE.
à m o i , sans embarras, elle me dit : Vous savez qui j e suis, Monsieur, et vous reconnaissez les traits de votre voisin de campagne ? — Oui, Madame. — Mais cette perruque r o u g e , la portet-il toujours? — Oui, Madame. — Mon Dieu, que cette manie est bizarre et combien elle lui a fait du tort ! Sa physionomie,
naturellement
douce, en a été changée. Vous allez le revoir, Monsieur, veuillez bien vous charger de cette lettre; mais j'attends plus encore de votre obligeance. Soyez mon avocat auprès de cet homme inflexible; obtenez
de lui qu'il me permette
d'aller partager son exil volontaire, puisqu'il n'a pas voulu profiter des bienfaits de l'amnistie. « Toutes mes lettres restent sans réponses, et j e n'ai cessé de lui écrire depuis que la mort de mon second mari m'a rendu la liberté. Je sais tout ce qu'a d'affreux le séjour de Cayenne, et surtout la solitude que M. Billaud s'est faite sur sa petite habitation; j e sais aussi que je laisse le monde et ses plaisirs brillants ; mais un sentiment qui ne s'est jamais effacé de mon cœur me ramène auprès de mon premier mari