BIOGRAPHIE.
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le proscrit resta longtemps sans nouvelles. Au milieu de tous les tourments de l'exil et de la misère, il n'oublia jamais ses parents, ni sa femme, dont il ignora longtemps le divorce. Vers la fin de l'an VI, ayant reçu une lettre de son père, qui gardait le silence à l'égard de sa femme, il en fut très inquiet. Aussi dans une lettre qu'il lui adressa, de l'habitation dite de Chevreuil, le 29 vendémiaire an vu (10 octobre 1798), il le suppliait de continuer sa bienveillance à l'égard de sa femme et il ajoutait :
« Il est possible que, poursuivie par le malheur, son âme aigrie vous ait paru moins susceptible de répondre aux bontés de la vôtre. L'excès de l'affliction conduit au désespoir, et le désespoir n'est lui-même
qu'un vertige. C'est ce
qui fait que les infortunés sont d'autant plus à plaindre que leur mauvaise humeur que mécontentements
qui déplaisent
n'exhale et qui
lassent. Mais vous, si affectueux, si généreux, vous aurez distingué, vous aurez excusé ce qui n'appartient point au caractère. Celui de cette