Mémoires inédits et correspondance sur Billaud Varenne et Collot d'Herbois

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BILLAUD

VARENNE.

famille qui m'est aussi chère que la mienne, je pourrais dire que je jouis actuellement d'une destinée qui doit me paraître d'autant plus douce, que je l'ai achetée par une masse bien terrible de tourments. Non, ce n'est pas, après avoir été si violemment et si longuement battu par la tempête, qu'on doit quitter la plage qui permet d'y respirer en paix, quand on en a si grand besoin. Vous concevez que ma santé déjà assez frêle est horriblement usée, ne fût-ce que par les maladies graves et fréquentes que j'ai éprouvées. Et vous en serez persuadé quand vous saurez que, pour m'acclimater, j'ai eu une dysenterie qui m'a

duré dix-huit mois; et

sûrement vous auriez reçu plus souvent de mes lettres, si je n'eusse pas été tant de fois à l'agonie, au départ des vaisseaux. Vu le dépérissement de mes forces physiques, je doute que je puisse supporter une longue traversée, étant très fatigué du mal de mer; et moi, si sensible au froid, le climat de la France ne pourrait plus me convenir aujourd'hui. D'ailleurs, à vous parler franchement, je crois que


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