Bulletin de la Société de Géographie : deuxième série, tome VII

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(159) Le 12 décembre, nous étions éloignés de Guverdjinlik d'une lieue environ vers le N., quand, au sortir des bois où nous étions occupés à chasser, nous aperçûmes au fond d'une petite anse un misérable hameau détruit pendant la révolution grecque, et que ses anciens habitants commençaient à relever de ses ruines. Ils étaient alors occupés de la reconstruction de l'église, et ils employaient pour ce travail quelques colonnes, des chapiteaux et des pièces de marbre évidemment antiques. Ces débris avaient été tirés de grandes ruines qu'ils nous signalèrent à deux lieues de là environ vers l'E., et nous convînmes qu'ils nous y accompagneraient le lendemain. Nous passâmes la nuit sous les toits de feuillage que ces pauvres gens avaient élevés en attendant que leurs habitations fussent terminées, et nous écoutâmes avec attendrissement l'histoire lamentable de leurs longues souffrances. Le 15, dès la pointe du jour, nous primes le chemin des ruines. Pendant une heure nous marchâmes encore vers le N. pour tourner l'extrémité des marais salants que nous avions aperçus dans notre voyage à Mylasse, et nous dirigeant au bout de ce temps droit à l'E., nous atteignîmes bientôt l'extrémité d'une presqu'île bornée au N. par la mer, au S. par les marais salants, et à l'E. par le large canal qui les réunit. C'est à l'angle que ce canal forme avec les marais, à moins d'une demi-lieue du khaféné, près duquel nous avions aperçu des marbres antiques, qu'on rencontre sur la croupe de quelques collines peu élevées les ruines d'une ville importante qu'à sa position exactement indiquée sur la carte de d'Anville, nous reconnûmes pour l'antique Bargylia. On sait que les Cariens attribuaient la fondalion de leur ville à Bellérophon, qui lui avait donné ce


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