Bulletin de la Société de Géographie : deuxième série, tome VII

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( 155 ) morte : elle n'était qu'évanouie ; mais lorsque je l'eus rappelée à la vie ainsi que son enfant, je fus saisi d'un désespoir violent en considérant notre position, seuls, au milieu des déserts, sans provisions, sans armes pour nous en procurer. J'enviai un moment le sort des malheureux Indiens dont je voyais les cadavres brisés sur les rochers. Après une nuit passée sans sommeil, dévorés par les insectes, de la morsure desquels rien ne nous défendait,

nous nous mîmes en marche

le lendemain, en suivant le cours du fleuve, et à neuf heures nous découvrîmes des nids d'œufs de tortue. Non loin de là je reconnus le corps de mon beaufrère ; il n'était qu'évanoui de faiblesse. Enfin, je retrouvai trois des cinq Indiens Aturav s, dont l'un d'eux, âgé de treize ans, est avec moi à Paris. Ayant rallié ces individus, je retournai sur mes pas; nous rentrâmes dans les montagnes, nous dirigeant dans le N. et le N.-E. par l'estimation du cours du soleil. Nous eûmes à passer un grand nombre de criques et de rivières, nous nourrissant de petites tortues de terre, que l'on trouve assez fréquemment, d'œufs d'oiseaux, de poisson, de miel, et quelquefois de l'abdomen d'une grande espèce de fourmis appelée Saùba. Quand nous ne trouvions rien, nous étions obligés de nous lester l'estomac avec une espèce de glaise dont les Indiens usent dans ce cas assez généralement. Nous fûmes onze jours sans rencontrer d'habitations; mais sur un des points culminants de la cordillière, nous trouvâmes un village d'Indiens Jémécos, qui nous reçurent très bien. Nous passâmes successivement sur le territoire des Indiens Teyas aux sources du Mahon , des Galligues , des Mahounings, des Ma pous, Wapichanes, etc., etc. Enfin,

j'arrivai aux


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